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Edouard Martel, le père des Causses

Edouard Martel est né dans le Val d’Oise en 1859, et par tradition familiale, il fait des études d’avocat. Mais, par passion, il devient géographe en remportant le 1er prix de géographie en 1877. Plus tard, il deviendra hydrogéologue. Il est le père de la spéléologie moderne.

Il arrive pour la première fois en 1883 dans les Gorges du Tarn, et il tombe amoureux de nos paysages, les grands causses et les Cévennes. Par la suite il y reviendra quasiment tous les ans, pour explorer les grottes, les avens, les Gorges et Montpellier-le-Vieux entres autres. En 1885, il dresse la topographie de ce dernier. Ce n’est pas lui qui le découvre mais il en dessine le plan, le répertorie et le topographie durant 8 jours. Il est aidé pour cela par un guide local nommé Emile Foulquier. En 1888, il continue par l’exploration de la grotte de Dargilan et en dresse également le plan de toutes les salles et commence à vouloir ouvrir cette grotte au public. Mais surtout, la même année, il traverse de part en part la rivière souterraine de Bramabiau : cette action est reconnue comme l’acte fondateur de la spéléologie moderne. Tous les spéléologues se réfèrent à cette exploration de Martel. En 1897, c’est la découverte avec son guide Armand, de l’aven qui porte son nom (premier guide qui est descendu dans l’aven) toujours sous l’impulsion de Martel.

La Fédération Française de Spéléologie a fêté ses 50 ans à Millau en 2013

Martel est donc un des fondateurs de la spéléologie sur le terrain, mais aussi dans les Alpes, puis qu’en 1895, il fonde la Société Spéléologique de France, société qui deviendra ensuite, en juin 1963, la Fédération Française de Spéléologie, qui sera créée à Millau. 2013 fête le cinquantenaire de cette fédération. Martel a d’autres actions à son palmarès : en 1889, c’est Padirac et son gouffre dans le Lot, les Gorges du Verdon mais aussi d’autres grottes, jusqu’en Afrique. Il écrira vingt-quatre livres, dont cinq uniquement sur les Causses & Cévennes (dont le célèbre « Les Causses Majeurs »).

Hydrogéologie

En tant qu’hydrogéologue, c’est la première personne qui fait le lien entre les pratiques ancestrales sur les Grands Causses : les paysans d’alors se débarrassaient de tout ce qui les gênait, en jetant les cadavres d’animaux, voire des cadavres humains au fond des trous qu’on appelle des avens. Comme sur le secteur, jusqu’en 1870, personne n’avait mis les pieds sous terre, parce que de tradition fortement catholique, sous terre c’était l’enfer, on n’allait surtout pas voir ce qu’il se passait là-dessous. Tout ce qui était jeté dans un aven et qui tombait à 50, 60 ou 100 mètres plus bas, plus personne n’en entendait parler. En bon spéléologue, Martel a fait la relation entre ce qui est jeté dans ces avens, les cadavres qui y pourrissent, et qui ensuite se retrouvent aux résurgences dans les vallées. Et comme à cette époque il n’y avait pas l’eau courante, les villages s’établissant près des sources, les gens des vallées tombaient malades à en crever car ils absorbaient les détritus d’en haut. En 1902, il fait voter une loi sur la protection des eaux souterraines, cette loi porte toujours son nom. Il est le premier à établir la relation entre les avens et les résurgences (de quelques centaines de mètres voire des kilomètres), entre les dépôts de cadavres et la pollution.

Tourisme

Martel est aussi le précurseur du tourisme, puisqu’il fait réaliser les équipements de l’Aven Armand, de Dargilan et de Bramabiau, les trois grottes majeures. Il se bat aussi pour l’équipement des routes afin de développer le tourisme dans les Gorges du Tarn : Martel, en 1880, imagine qu’un jour, alors que les congés payés n’existent pas encore, que des milliers de personnes viennent nous voir et visitent les joyaux que possèdent les Causses et les Cévennes.

Merci à Serge Duffau – Interview Avril 2013