Après une période de développement des villages du causse par les Templiers et Hospitaliers, du XIIe au XIVe siècle, l’exode rural a dépeuplé le Larzac, ce dernier perdant les deux tiers de ses habitants entre 1866 et 1968. Mais dès 1968, dans la zone revendiquée à l’époque par l’État Français pour les militaires, la population s’est remise à croître, rajeunissant et résistant alors aux nombreuses convoitises de tous poils…
En octobre 1971, le gouvernement français décide d’agrandir le camp militaire du Larzac, déclenchant dès novembre une manifestation de 66.000 personnes à Millau, à l’appel de la FDSEA (Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles). De nombreuses prises de position de personnages historiques et politiques contre l’extension du camp se multiplient, les paysans s’organisent et manifestent, amenant à un grand rassemblement au Rajal del Guorp (cirque dolomitique) en août 1973 et à une marche sur le Larzac organisée par les paysans-travailleurs. 80.000 personnes venant de France et d’Europe convergent vers le Larzac.
Les brebis envahissent le tribunal (Document « La Jasse »)
En août 1974, plus de 100.000 personnes rejoignent le Larzac pour la fête des moissons appelée «Moisson Tiers-monde». En août 1977, un rassemblement de 50.000 personnes se déroule avec un défilé d’une centaine de tracteurs sur lesquels prennent place des appelés du contingent cagoulés et en uniforme. En octobre de la même année, de nombreux procès ont lieu à Millau contre les paysans du Larzac pour insoumission, renvoi de livrets militaires, entrave à la circulation, etc. Au cours du procès un troupeau de brebis envahit le tribunal.
Le 2 décembre 1978, 18 paysans parcourent 710 km vers Paris en 25 étapes depuis le Larzac. Tout le long du trajet, ils sont soutenus par des paysans de la FDSEA et des riverains qui les hébergent. A leur arrivée, 40.000 personnes défilent aux portes de Paris, le centre-ville étant bloqué par les CRS. C’est la plus grande manifestation de l’année. Les paysans et leurs sympathisants vont s’opposer durant 10 ans à ce projet d’extension, qui va être finalement annulé en 1981 par la promesse de campagne du nouveau Président de la République, qui n’est autre que François Mitterrand.
Démontage contre surtaxes
1999, coup de théâtre au pied du Larzac : une action militante de la Confédération Paysanne a lieu contre l’installation d’un McDo à Millau. Organisée en réaction aux surtaxes douanières des États-Unis d’Amérique sur diveres productions agroalimentaires dont le fromage de Roquefort, cette action est menée à bien par un groupe de paysans dont l’un d’eux n’est autre que l’éleveur de brebis José Bové. Diverses manifestations liées aux poursuites judiciaires engagées contre les «démonteurs» suivront. En août 2003, le plateau du Larzac est le lieu d’une importante manifestation altermondialiste, appelée «Larzac 2003», répondant à l’appel de la Confédération Paysanne et d’un vaste collectif d’associations et de syndicats. Plus de 200.000 personnes se réunissent pendant trois jours pour réfléchir aux impacts de l’ultralibéralisme commercial sur leur vie quotidienne.
Gaz de schiste, non merci !
Fin 2010, le Larzac (entre autres) fait l’objet d’un projet de prospection de gaz de schiste (permis de Nant) par le gouvernement, sans consultation des habitants et des collectivités locales. Deux députés européens (José Bové et Corinne Lepage) demandent un moratoire, craignant une nouvelle dégradation des ressources en eau (10.000 à 15.000 m3 par forage) et la pollution des nappes phréatiques par les hydrocarbures. En avril 2011, à Nant, dans une des vallées du Larzac, près de 8.000 personnes manifestent pacifiquement pour dire non à l’exploitation du gaz de schiste. A ce jour, la vigilance reste toujours de mise car seulement trois permis d’exploration de gaz de schiste – les plus médiatisés – ont été abrogés en octobre 2011 : ceux de Nant et Villeneuve-de-Berg (les texans Schuepbach) et celui de Montélimar (Total). Les autres, plus d’une soixantaine, ne sont pour l’instant que gelés.